La Guinée équatoriale a annoncé la fermeture de son ambassade à Londres après des sanctions considérées par Malabo comme « illégales », imposées pour des faits de corruption par le Royaume-Uni contre le fils du président Teodoro Obiang Nguema.
« La première décision que le gouvernement a adoptée est de procéder à la fermeture totale de notre mission diplomatique à Londres », a déclaré Simeon Oyono Esono, ministre des Affaires étrangères sur la TVGE, la télévision d’État, sans donner de détails sur la date.
Teodorin Obiang Mangue, vice-président de Guinée équatoriale, a été sanctionné jeudi par Londres notamment pour le « détournement de fonds publics » et des pots-de-vin lui ayant permis de financer un train de vie somptueux.
Fils de Teodoro Obiang Nguema, 79 ans, Teodorin – Teodoro Nguema Obiang Mangue pour l’état-civil – aurait consacré plus de 500 millions de dollars à l’acquisition de résidences de luxe à travers le monde, d’un jet privé, de voitures et d’objets de collection liés au chanteur Michael Jackson.
« Nous n’admettons pas d’ingérence dans les affaires internes de notre pays », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, poursuivant que les sanctions « violent le principe du droit international »
Ces mesures, qui prévoient un gel des avoirs et des interdictions d’entrée au Royaume-Uni, ont été prises dans le cadre d’un régime de sanctions anticorruption qui avait déjà permis de punir en avril 22 particuliers de six pays différents, dont la Russie. Le vice-président « n’a réalisé aucun investissement au Royaume-Uni », avaient-elles poursuivi.
Biens mal acquis
Les autorités équato-guinéennes avaient rejeté « des sanctions juridiquement infondées » et exigé qu’elles soient « levées dans les plus brefs délais ». Malabo avait considéré ces mesures « comme un geste inamical » du gouvernement britannique. « Les mesures que nous avons prises aujourd’hui ciblent des individus qui se sont enrichis aux dépens de leurs citoyens », a déclaré jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, dans un communiqué.
Le vice-président de Guinée équatoriale a été sanctionné notamment pour avoir « détourné de l’argent public sur son compte en banque personnel » et pour avoir « sollicité » des pots-de-vin. « C’est un pas dans la bonne direction, qui rappelle que la corruption n’est pas un crime sans victime », a réagi samedi dans un communiqué Tutu Alicante, directeur de l’ONG équato-guinéenne de défense des droits humains EG Justice, qui vit en exil estimant que la plupart des 1,4 million d’habitants de Guinée équatoriale vivent sans accès à « l’eau potable et à des écoles décentes ».