Près de deux semaines après les inondations dévastatrices de la province du Hena dans le centre de la Chine, le bilan humain a été subitement revu à la hausse, lundi 2 août. Alors que les autorités locales parlaient jusqu’ici d’une centaine de morts, elles ont reconnu qu’au moins 302 personnes étaient mortes et 50 avaient disparu à la suite de cette catastrophe naturelle. Le bilan précédent évoquait 99 morts.
La très grande majorité des victimes ont péri à Zhengzhou, la capitale de la province, qui compte 10 millions d’habitants, où l’équivalent de près d’une année de précipitations est tombé en à peine soixante-douze heures.
Le 20 juillet, les précipitations qui avaient frappé la métropole avaient englouti une rame de métro, tuant 14 personnes parmi les quelque 500 passagers pris au piège à l’heure de pointe. Des dizaines de voitures avaient été emportées dans un tunnel routier, produisant un spectaculaire amoncellement d’automobiles à une des sorties. Le bilan exact des victimes dans ce secteur n’a pas été précisé.
Devant la presse, la maire de Zhengzhou, Hou Hong, a précisé lundi que 39 personnes avaient perdu la vie dans des parcs de stationnement en sous-sol, et six dans un tunnel, sans préciser lequel.
L’exploitant du métro poursuivi
La maire de Zhengzhou estime que les dégâts causés par les inondations dans la ville atteindront les sept milliards d’euros. Les intempéries avaient aussi détruit routes, champs et villages ailleurs dans la province du Hena, touchant officiellement plus de 1,2 million de personnes.
Les autorités locales ont été critiquées pour n’avoir pas ordonné la fermeture des transports publics, malgré les alertes météo. La femme d’une des victimes a engagé des poursuites contre l’opérateur du métro pour négligence, a annoncé, la semaine dernière, le média local Jimu News.
Les autorités ont tenté maladroitement d’enrayer toute polémique. La semaine dernière, devant les marches de la station de métro Shakoulu, particulièrement touchée, de nombreux habitants sont venus s’incliner, déposer des bouquets de fleurs ou des messages manuscrits en mémoire des victimes.
Mais des murs mobiles en plastique jaune avaient ensuite été installés autour de cette zone, provoquant un certain émoi sur les réseaux sociaux. Ils avaient ensuite été retirés.
Plusieurs reporters étrangers couvrant les intempéries ont, par ailleurs, été pris à partie par certains habitants suspicieux, voire hostiles, qui ont accusé les journalistes de vouloir présenter la Chine sous un mauvais jour. Une équipe de l’Agence France-Presse (AFP) a été encerclée par une vingtaine de personnes, certaines exigeant la suppression des prises de vues.
Interrogé jeudi, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Zhao Lijian, a justifié indirectement ces comportements, qu’il a mis sur le compte de « l’indignation du peuple chinois » envers les « fausses informations » que diffuseraient régulièrement « certains médias occidentaux » à propos du pays.