Connue pour être belliqueuse, Mimi Touré n’est certainement pas la personnalité la plus consensuelle ni la plus rassembleur pour devenir présidente de l’Assemblée nationale. Une fois sur le perchoir, la dame qui répond au coup pour coup sera sans doute la première cible d’une opposition forte (officiellement) de 82 députés. Surtout qu’elle a un contentieux avec le Pds au sujet de la traque des biens supposés mal acquis.

Malgré tout, elle fait office de favori pour occuper le poste, si ce dernier doit revenir à la majorité présidentielle (surprise de Sonko et Cie). Le président Macky Sall qui a reçu les députés de son camp au palais pourra difficilement offrir la chaise à un responsable autre que Mimi Touré. Pendant 10 ans, le patron de l’Apr s’est résolu à laisser le poste à un allié, en l’occurrence Moustapha Niass. Certains membres du parti présidentiel ont même essayé de défénestrer le leader de l’Alliance des forces de progrès (Afp), mais Macky lui a toujours renouvelé sa confiance en récompense à sa fidélité.

Cette législature est donc le tour de l’Apr, surtout que les alliés ne semblent pas avoir beaucoup pesé aux élections, en particulier Rewmi de Idrissa Seck battu, à nouveau, dans son fief historique, après la claque aux Locales de janvier dernier. La question se pose dès lors de savoir qui au sein du parti présidentiel pour être président de l’Assemblée nationale ?

Mimi Touré, Amadou Ba sont les noms qui reviennent le plus. Il peut y avoir aussi la surprise du chef. Mais jusqu’ici, Aminata Touré semble avoir une longueur d’avance. Macky Sall qui avait désigné Amadou Ba tête de liste aux Locales a porté son choix sur Mimi Touré aux Législatives. Une position qui la met en orbite pour être patron de l’hémicycle, en cas de succès.

Certes, il est difficile aujourd’hui de parler de victoire, c’est même une défaite avec le nombre de sièges perdus (de 125 députés en 2017 à 82 en 2022). Mais la coalition au pouvoir s’acharne à crier victoire partout. Ce qui doit aboutir à la reconnaissance de la réussite de Mimi Touré. Un mérite dont la récompense logique est le perchoir. Ainsi, en faisant d’elle tête de liste, Macky Sall lui a donné plus de chances sur les autres.

L’autre fait est que le chef de l’Etat doit nommer un Premier ministre. Or, Aminata Touré a déjà occupé le poste. La faire revenir serait synonyme de faire du neuf avec du vieux. Ce serait un mauvais signal envoyé aux électeurs qui ont déjà exprimé leur mécontentement. Une telle décision susciterait également plus de frustrations au sein de l’Apr, car ce serait comme si elle est l’unique responsable ayant les compétentes requises.

Écartée ainsi de la primature, il ne reste à Mimi que la présidence de l’Assemblée nationale pour confirmer son retour au premier plan. Toute autre décision risque de l’éloigner définitivement de Macky Sall. Or, l’Assemblée sera aussi l’occasion pour le patron de l’Apr de rendre justice à Mimi après lui avoir pris le poste de présidente du Conseil économique au profil d’Idrissa Seck. Voilà donc autant d’arguments qui plaident pour Mimi. Mais il y a la grande question sera la plus décisive : le troisième mandat et la position de Mimi par rapport à ce sujet, elle qui n’a pas caché ses ambitions pour le fauteuil présidentiel.