Avec plusieurs cas de vols et de cambriolages à leur actif, Mamadou D. et ses acolytes n’avaient pas froid aux yeux et rien ne pouvait les arrêter de commettre leurs forfaits. Ils étaient de mèche avec deux gendarmes en service au palais de justice de Dakar. Ce sont eux qui étaient chargé de les tirer d’affaire une fois qu’ils sont appréhendés. En effet, ils visaient les maisons de luxe qui se trouvent dans ces quartiers de Ouakam, des HLM Maristes et de la Médina. En effet, entre le 24 avril et le 15 juillet 2018, la Sûreté Urbaine a été saisie de deux plaintes relatives à des cambriolages aux domiciles des commerçants chinois Zhu Peng et Li Qiang. Entendu par les enquêteurs, le vigile M. Dembélé a déclaré que le 24 avril vers 17 h deux hommes portant des casques étaient arrivés à bord d’un scooter de couleur noir et blanc. Ils se sont dirigés vers l’appartement de Zhu Peng, situé au 4e étage, avant d’en ressortir avec des bagages emballés dans un drap blanc en emportant la somme de 14 millions qui était dans le coffre-fort. Les enquêtes menées par les gendarmes après avoir visionné les caméras de surveillance ont permis d’identifier les auteurs du vol, dont Serigne Ch. D et M. Doumbouya. Le transport effectué dans le domicile de ce dernier a permis de saisir la somme de 4 millions de francs Cfa entre les mains de la mère de l’accusé M. Doumbouya F. Keita. Cette dernière a fait savoir aux enquêteurs que son fils est allé se réfugier au Mali lorsqu’il a su qu’il était recherché. Cependant, les déclarations de sa fiancée nommée Bineta Ndiaye a expliqué que ce dernier était le serrurier assistant de Serigne Ch. D et que les deux travaillaient pour le compte du Palais de justice de Dakar où ils avaient d’ailleurs eu à voler des ordinateurs, des disques durs externes et divers objets. Elle a soutenu après avoir révélé que M. Doumbouya alias Papis l’avait battue et poussée du 4e étage d’un immeuble, lui causant ainsi deux mois de coma. Durant sa convalescence, elle avait appris que des Chinois avaient été victimes de cambriolages commis par Mamadou Doumbouya alias Papis, Serigne Ch. D., l’agent de police, Evariste Nd. et le gendarme auxiliaire Pape A. F et S. Sagna. Elle a d’ailleurs identifié Doumbouya alias Papis, supportant le coffre-fort, et Serigne Ch. D., conduisant le scooter, sur les images de la camera de surveillance qu’on lui avait montrées.

Elle a allégué que le sieur Doumbouya lui avait causé la perte d’un œil et une paralysie des membres et que sa plainte, déposée à la Brigade de recherches de Dakar, n’avait pas prospéré à cause des interventions du nommé Sagna auprès des gendarmes.

Devant la barre de la chambre criminelle de Dakar, Serigne Ch D. a souligné qu’il n’a jamais subtilisé des ordinateurs dans son lieu de travail. Il a expliqué l’origine de sa fortune qui se justifie par le fait qu’il s’était lancé dans le commerce à la fin de son contrat. Il a nié être l’individu identifié dans les images des caméras de surveillance.

À son tour son co-acolyte M. Doumbouya a reconnu les faits tout en désignant les nommés Serigne Ch D, A Diakhaté, Saër M, Sidy, Modou salle des ventes, Papa A. F., Evariste Nd. et Pape A. F, S. Sagna comme étant ses acolytes dans plusieurs cambriolages. Il a allégué que ceux-ci et lui avaient engrangé un butin de plusieurs millions de francs. Il a souligné qu’ils avaient commencé à commettre leurs forfaits trois ou quatre années auparavant et qu’ils profitaient de l’absence des propriétaires de villas de luxe pour cambrioler leurs domiciles ou bien l’heure de la prière du vendredi pour dévaliser les magasins et boutiques. Il a argué qu’ils avaient des outils spéciaux pour ouvrir les portes et que c’est Serigne Ch. D. qui planifiait les différentes tâches. En compagnie de Ndecki et Sagna les deux gendarmes, nous avons cambriolé une agence Wari en décembre 2017 vers 23 heures.

Il a ajouté qu’à Hann maristes, ils avaient commis deux vols à des moments différents, notamment dans une maison luxueuse où il était en compagnie de Serigne Ch. D., Evariste ND. et Pape A. F. Il a déclaré qu’à Ouakam, il était avec Omar et Evariste ND., qu’ils s’étaient emparés d’un montant de 100 mille francs, de deux ordinateurs portables et d’un téléviseur écran plat qu’ils avaient cédé à leur receleur répondant du nom de Wade.

Il a indiqué qu’à la cité Aliou Sow, il était encore avec les nommés Evariste ND. et Omar et qu’ils avaient dérobé dans une agence WARI, à l’heure de la prière du vendredi, une somme 200 mille de nos francs et deux ordinateurs portables vendus au sieur Wade à de vils prix. Il a affirmé qu’à Fann Hock, il était avec Serigne Ch. D., Pape A. F., Sidy et A. Diakhaté. Ils avaient commis leur forfait dans une agence WARI près du canal et ils s’étaient personnellement retrouvés avec un montant de 8 millions de francs Cfa.

Cependant, il a expliqué que pour les autres cambriolages perpétrés, il n’en avait plus souvenance. Il précise que pour leurs différents forfaits, il avait pu amasser la somme 22 millions de francs. Il a soutenu que suite à un différend, ils avaient formé deux groupes séparés pour commettre des vols et il avait appris que le groupe de Dia avait dérobé une importante somme d’argent au domicile de Chinois. Il a précisé que les cambriolages commis ont produit des centaines de millions », a raconté l’accusé Doumbouya. Quant aux autres, ils persistent à nier les faits.

Après la clôture des débats, place à l’avocat général pour faire sa plaidoirie. Ainsi, il a requis 5 ans de réclusion criminelle contre Mamadou Doumbouya, Samsdine Sané, Serigne Cheikh Dia et Pape Abdoulaye et des peines allant de 6 mois à 1 an d’emprisonnement ferme pour les autres. Du côté de la défense, à l’exception de l’avocat de Mamadou Doumbouya, Me Abdoul Aziz Diop qui a sollicité une application bienveillante de la loi, les conseils des autres accusés ont demandé l’acquittement pour leurs clients.

Le jugement sera rendu le 4 juillet prochain.