Dans un contexte mondial marqué par une crise multiforme, le Cabinet international d’audit et de conseil, Pwc Sénégal, a posé ce jeudi 19 octobre 2023, le débat sur les grands enjeux auxquels fait face l’économie sénégalaise, en donnant la parole aux chefs d’entreprise, à travers une rencontre d’échanges sur la compétitivité, la croissance et la résilience.
Une rencontre à laquelle a pris part le Ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes Entreprises, Monsieur Abdou Karim Fofana. L’autorité a saisi l’occasion pour se prononcer sur l’actualité brûlante relative à la consommation d’électricité au Sénégal avec l’incrimination des compteurs dits « Woyofal ».
À ce propos, le Ministre dira que la consommation nationale reste liée à une forte demande passant de 770 mégawatts au mois de janvier à 1.046 mégawatts au mois d’octobre, soit une augmentation de 30 à 40 % en moyenne pour les ménages. Néanmoins, l’autorité rassure.
« L’État s’est engagé à protéger les couches les plus vulnérables en fixant le système de tarification. Ce qui explique la mise en place de tranches sociales en vue de soutenir les ménages les plus vulnérables », a dit Monsieur Abdou Karim Fofana.
« Les dirigeants à l’épreuve de la résilience » c’est autour de cette thématique que les chefs d’entreprise et autres acteurs de l’économie ont débattu durant l’événement. Une question d’actualité, mais aussi un grand défi à relever par les pays africains, notamment le Sénégal, en raison de sa position centrale dans la région ouest africaine.
À l’entame de son propos, le Ministre du Commerce, de la Consommation et des petites et moyennes entreprises a tenu à préciser l’évolution notée au Sénégal en terme de croissance entre 2012 et 2023, en se référant au Plan Sénégal Émergent (PSE).
« L’un des objectifs du PSE, c’était d’abord d’opérer une transformation structurelle de l’économie en changeant le paradigme des sources de croissance », a t-il précisé. Abdou Karim Fofana, en sa qualité, d’ancien Ministre en charge du suivi du PSE, révèle que les secteurs des nouvelles technologies de l’Information et de la Communication et les services financiers, jadis considérés comme des moteurs clés de la croissance, ont été renforcés par d’autres secteurs porteurs tels que le Tourisme. En atteste, le nombre de visiteurs enregistrés à l’entrée à l’Aéroport International Blaise Diagne qui s’était fixé comme objectif un nombre de trois millions de visiteurs à court terme lors de l’inauguration et qui était à plus de deux millions cinq cents mille visiteurs avant la Covid-19.
Sur un autre aspect, à savoir l’industrialisation, le Ministre du Commerce a rappelé les actions menées par le Sénégal dans ce sens et qui lui ont valu d’être cité comme pays leader dans la dynamique d’industrialisation dans un rapport de l’UEMOA. Cependant, le Sénégal s’est engagé sur cette voie avec un handicap, à savoir le coût des facteurs et l’inadéquation des curriculas de formation avec les besoins du marché pour garantir la compétitivité, l’élément clé d’une industrialisation.
« Nous avons une jeunesse sénégalaise orientée vers l’enseignement général, alors que dans une économie émergente, nous avons besoin de profils avec un Bac+2 , un CAP ou encore un Bac technique pour porter la croissance », a rappelé le ministre. À l’en croire, le Sénégal a su faire un grand bond en avant pour inverser la tendance en multipliant par 4 l’offre de formation certifiante et non diplômante avec la création de centres de formation professionnelle et des lycées techniques dans chaque région.
S’agissant de l’agriculture, le Ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, souligne les avancées enregistrées dans ce secteur notamment avec l’autosuffisance en céréales. Sur un objectif de quatre millions de tonnes, les trois millions six cent ont été atteints, a-t-il souligné. Ce qui contribue à garantir une croissance partagée avec les ménages les plus vulnérables grâce aux bourses de sécurité familiale qui sont passées de vingt cinq mille francs CFA à cent mille francs CFA d’après les dernières estimations.
Selon le Ministre du Commerce, le Sénégal est sur la bonne voie avec l’augmentation de son budget qui est passé de 500 milliards de francs CFA en 2000, et 2500 milliards en 2012, à 7000 milliards de francs CFA en 2023. Ce qui va générer des recettes budgétaires qui permettront d’investir pour le futur avec par exemple la construction de nouvelles infrastructures de base, le tout dans l’équité sociale et territoriale.
S’agissant de l’inflation, le Ministre du Commerce, de la Consommation et des PME dira qu’elle est saisonnière au Sénégal et reste liée à l’hivernage qui a un impact sur des activités comme la pêche, le maraîchage, l’élevage entre autres.
« Le débat réside dans les habitudes de consommation dans une économie en développement », a-t-il poursuivi en insistant sur une dynamique de consommation très forte notée au Sénégal avec un PIB par habitant qui est passé de 900 à 1300 dollars en dix ans ce qui, selon l’autorité, doit intéresser le secteur privé pour investir davantage.