« Partir, fuir, laisser, abandonner ne serait-ce pas la voie de la facilité ? Or, tout ce qui est facile ne peut être honorifique, tout ce qui est simple ne peut être glorifié, tout ce qui se trouve à portée de bras, à portée de main ne peut qu’être inconsidéré. Ces derniers, appâtés par cette facilité, vont trouver à travers ce chemin de la réussite, un chemin beaucoup plus sinueux et loin de toutes leurs attentes. Ce pain qu’ils apercevaient de loin et qu’ils voulaient mettre dans leur besace, pour des lendemains meilleurs, va se trouver beaucoup plus loin que ce qu’ils avaient imaginé » nous dit Amadou Diop dans son œuvre intitulée «l’appât du pain ». Ne pas en parler,ne serait-ce pas de la trahison pour nos frères qui sont morts à la quête d’une vie meilleure.Les causes de la migration sont multiples dans un pays comme le Sénégal. Ces causes sont économiques, politiques,éducationnelles, psychologiques, institutionnelles, volontaires. Et la survenue de la Covid-19 l’a aggravée avec la fermeture des frontières et l’arrêt brusque dans le secteur informel. Ne sachant plus quoi faire la jeunesse désillusionnée, désappointée, déchue et plus que déçue s’est entichée de l’émigration clandestine en adhérant à un suicide collectif ou une fugue collective si on puit dire.
Celle-ci ne bénéficie t-elle pas d’une formation professionnelle assez solide ,leur permettant de faire la différence et de pouvoir participer dignement à l’avenir économique de leur pays? Certes, l’engagement de la politique à propos du sujet épineux de l’emploi des jeunes est une bonne chose mais ne devrions-nous pas organiser un sommet national sur l’émigration clandestine pour résoudre ce fléau mortel. Car chaque vie est importante surtout celle d’un jeune pour le développement d’un pays. La jeunesse ne doit pas s’accrocher aux alternatives en disant qu’elles vont changer la société. Car la société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion. La lutte ne peut être simple comme dans tout combat de la vie. La jeunesse doit prendre conscience que le Sénégal leur appartient, et que c’est à eux d’en dessiner les contours et d’en assurer son futur. Si toute notre jeunesse part, quelle jeunesse resterait-il pour bâtir l’avenir? Du désespoir doit naître la révolte. Du temps de l’esclavage, ou des colonies en Afrique c’est parce que la situation avait pris une telle ampleur que les gens n’en pouvaient plus et c’est la raison pour laquelle ils se sont levés au prix de leur vie et ont exigé un changement ! C’est ainsi à travers l’histoire et ce sera ainsi à travers notre histoire à nous à la seule différence que notre histoire à nous, notre avenir à nous ce sera nous les acteurs ! Car si on se fige ou qu’on fuit devant la difficulté cela signifierait qu au fond que nous ne mériterions pas le changement. Ceux qui prennent les pirogues pour se lancer dans une entreprise risquée pour atteindre l’Europe ne font que se détourner de leur mission. Frantz Fanon disait «Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission la remplir ou la trahir. L’heure est plus que venue d’en faire un leitmotiv pour cette jeunesse et ainsi être un jeune doit travailler en profondeur pour parvenir à un certain niveau de responsabilité et de conscience et ainsi devenir un vecteur sûr de développement. Car aujourd’hui le principal atout de l’Afrique c’est sa jeunesse.
De ce fait, nos gouvernements doivent miser sur l’implication des jeunes dans le développement local en promouvant de nouvelles structures qui financent et accompagnent ces derniers dans leurs activités notamment l’agriculture afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Mais aussi ils doivent savoir que s’ils veulent que les jeunes retournent vers le secteur agricole, ils devront moderniser les cadres de vies, en incitant les directions comme la SICAP et les HLM à créer des cités nouvelles autour des pôles agricoles pour aider les jeunes citadins à mieux s’investir psycho-sociologiquement dans les activités agricoles. Ceci permettrait de montrer aux jeunes d’avoir une bonne perception de l’agriculture. L’expertise de ces différents ministères et agences qui disent avoir pour mission de régler le problème de l’emploi au Sénégal doivent être fusionnés pour un meilleur devenir de notre jeunesse.
Chère jeunesse, si le Sénégal ne vous mérite pas, l’Europe non plus.
Mariem Mbacké