Le nombre de variants du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, ne cesse de croître. Vendredi, une étude britannique a avancé que le variant britannique augmentait de 30 % la mortalité de la COVID-19. Le variant sud-africain, lui, résisterait en partie aux vaccins.

Un rapport publié vendredi par un groupe de surveillance des virus respiratoires du ministère de la Santé du Royaume-Uni a sonné l’alarme : « Il pourrait y avoir une augmentation de la sévérité de la maladie » avec le variant britannique, B117, apparu en septembre. Les études initiales, avec des groupes contrôles similaires, ne montraient pas d’augmentation de la mortalité chez les personnes l’ayant contracté, dit le rapport. Mais d’autres rapports plus récents, sur quelques centaines de patients, semblent indiquer un risque de mourir jusqu’à 30 % supérieur, particulièrement chez certaines personnes ayant des vulnérabilités génétiques.

Le variant sud-africain résistant

Le variant sud-africain du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, résiste aux anticorps produits par la souche première du SARS-CoV-2 et peut-être aux vaccins. Telle est la conclusion d’une étude sud-africaine publiée mercredi sur le site de prépublication scientifique medRxiv. « Ces données laissent entrevoir le spectre d’une réinfection avec des variants distincts sur le plan antigénique, ce qui pourrait mener à une efficacité réduite des vaccins actuels », expliquent les auteurs de l’étude, qui travaillent pour le Laboratoire national de la santé de l’Afrique du Sud à Johannesburg. Ils ont exposé des anticorps de patients guéris de la COVID-19 au nouveau variant. La résistance à certains vaccins du variant d’Afrique du Sud, appelé aussi B1351, pourrait demander une dose de rappel modifiée, un peu comme pour la grippe saisonnière qui a un vaccin différent chaque année, selon Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. « Mais avant de paniquer, on doit noter que l’étude porte sur de petits groupes de patients, 14 et 30, dit M. Mâsse. De plus, on ne connaît pas les niveaux minimums des différents marqueurs de la réponse immunitaire procurant une protection contre le virus. C’est donc difficile de prédire la perte d’efficacité des vaccins. 

Les autres variants aussi

Face aux variants de la COVID-19, les vaccins Pfizer et Moderna pourraient être un peu moins efficaces, ont observé cette semaine une équipe de chercheurs menés par l’Université Rockefeller de New York, dans une étude en prépublication. Leurs observations se basent cependant sur une expérience in vitro au cours de laquelle le plasma sanguin de 20 personnes vaccinées a été exposé à une dizaine de variants et autres mutations du SARS-CoV-2. Comment cette perte d’efficacité observée en laboratoire se traduira-t-elle sur le terrain ? Difficile à prévoir, dit le virologue Andrés Finzi, de l’Université de Montréal. La qualité de la protection offerte actuellement par les vaccins n’est pas remise en question, puisqu’elle reste encore très bonne malgré la légère baisse d’efficacité. « Ce que ces résultats veulent dire, c’est qu’il faut continuer de monitorer et de potentiellement modifier le vaccin au besoin », dit Andrés Finzi.

Autres mécanismes de protection

L’étude sud-africaine publiée dans medRxiv porte sur les anticorps neutralisants, qui ne forment qu’une partie de la réponse immunitaire contre les virus. « Il y a d’autres mécanismes de protection, pas juste les anticorps neutralisants, mais d’autres anticorps et les cellules T », rappelle Frédéric Ors, PDG d’IMV, société de Québec qui travaille sur un vaccin contre la COVID-19. Il juge néanmoins l’étude préoccupante. « En l’absence de certitude, c’est plutôt inquiétant parce que la vaccination pourrait favoriser l’émergence de ce variant et d’autres variants », indique-t-il. Les études précliniques d’IMV se penchent justement sur différents variants.

Ralentir l’entrée au Québec

M. Mâsse précise qu’il faut aussi ralentir l’entrée du variant sud-africain au Québec. « Je ne crois pas que ce variant soit sur le sol québécois. Mais on doit faire attention avec les voyageurs afin de ne pas l’introduire sur le sol québécois. Cela n’implique pas seulement de bloquer les voyages avec l’Afrique du Sud. J’aimerais avoir beaucoup plus d’informations sur le séquençage et les résultats du séquençage au Québec. Cela dit, le labo de la Santé publique est peut-être “on top of it”, mais ça serait réconfortant de savoir qu’on suit l’évolution des variants au Québec de très près. »

Le problème des masques en tissu

Jeudi, la France a demandé à la population de ne plus porter le masque artisanal en tissu, jugé inefficace contre les nouveaux variants, et a recommandé le port du masque chirurgical. « Ça ne me surprend pas, ça montre la protection partielle que procure le masque, dit M. Mâsse. La taille du virus n’a pas changé, mais il est plus transmissible. » Prenons par exemple un variant du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, qui se transmet dans 30 % des cas. Si le masque en tissu réduit la transmission de 80 %, le risque de transmission d’une personne masquée sera de 6 %. Ce degré de transmission n’est pas vraiment détectable, et on aura l’impression qu’il n’y a pas de transmission possible avec un masque. Mais si un variant se transmet dans 90 % des cas, une personne avec un masque en tissu transmettra le coronavirus dans 18 % des cas, une fois sur cinq. Cela est détectable, et pourrait expliquer pourquoi la France déconseille dorénavant le port des masques en tissu. Vendredi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a toutefois indiqué qu’elle ne prévoyait pas changer ses recommandations et qu’elle considérait toujours que les masques en tissu étaient efficaces, et ce, même contre les nouveaux variants.

Le rôle des immunodéprimés

Début décembre, une autre étude publiée sur medRxiv a mis en lumière le rôle des patients ayant un système immunitaire faible, par exemple les patients en oncologie et ceux qui ont eu une greffe. Ces patients peinent à éliminer le SARS-CoV-2, ce qui donne davantage d’occasions aux mutations favorisant la transmission du virus de s’établir et de prospérer, ont avancé les chercheurs de l’Université de Cambridge.

Le variant britannique en chiffres

De 40 % à 70 % 

Taux d’augmentation de la transmissibilité du variant britannique