2021 devait être l’année des vaccins. Ce sera aussi celle des variants. Depuis l’apparition, au Royaume-Uni, à l’automne 2020, d’une mutation du SARS-CoV-2 plus contagieuse et létale, de nouvelles souches, brésilienne et sud-africaine, sont venues doucher l’espoir suscité par l’administration des premières doses.

Ces trois variants, et ceux qui ne manqueront pas de suivre, ne risquent-ils pas de rendre les vaccins existants moins efficaces, voire obsolètes ? Entre durcissement des restrictions de liberté et accélération des campagnes vaccinales, le monde constate avec inquiétude que l’ennemi a changé de visage. Pis, qu’il se démultiplie.

Pour contrer ses mutations, l’Agence européenne du médicament (EMA) indiquait, le 10 février, avoir demandé aux fabricants de déterminer si leur vaccin offrait une protection contre les trois variants, et de lui soumettre les données pertinentes. A ce jour, trois (Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca) sont autorisés dans l’Union européenne (UE). Un quatrième, développé en une seule dose par Johnson & Johnson, devrait être validé à la mi-mars et arriver en France en mai, avant ceux de CureVac et Novavax.

Le 17 février, la Commission européenne passait elle aussi à l’offensive avec l’annonce du plan « Hera Incubator » : 75 millions d’euros seront débloqués pour identifier plus rapidement les mutations du virus, en développant des tests spécifiques et en augmentant les séquençages du génome ; 150 millions d’euros renforceront la recherche sur les nouveaux variants. Avec cette initiative, Bruxelles veut préparer « la prochaine phase » de la pandémie, « depuis la détection précoce de nouveaux variants jusqu’à la production rapide de masse d’une seconde génération de vaccins si nécessaire ». Une saison 2 à haut risque, qui devra plus que jamais associer scientifiques, laboratoires, autorités sanitaires et décideurs politiques.

  • Quel est l’effet des variants sur l’efficacité des vaccins ?

Les trois derniers essais de phase 3 publiés (AstraZeneca, Johnson & Johnson et Novavax) vont dans le même sens : leurs vaccins conservent presque tout leur pouvoir protecteur face au variant B.1.1.7, découvert en Grande-Bretagne ; en revanche, ils perdent une partie de leur punch face au mutant B.1.351, apparu en Afrique du Sud.

Entre la souche d’origine et le variant sud-africain, l’efficacité passe ainsi de 90 % à 49 % chez Novavax et de 72 % à 57 % chez Johnson & Johnson, ont annoncé les deux firmes américaines. Quant au vaccin d’AstraZeneca, une équipe sud-africaine a montré que son efficacité à prévenir les symptômes légers chutait de 62 % à 22 %. Le laboratoire a souligné que les effectifs de l’étude étaient réduits (moins de 2 000 personnes), limités à des sujets jeunes, et qu’il restait convaincu que son produit pourrait prévenir les formes sévères de la maladie. Il n’empêche : les mutations apparues en terres australes émoussent la force de ces trois vaccins, fondés sur les technologies du vecteur viral (AstraZeneca et Johnson & Johnson) ou des protéines recombinantes (Novavax).