Au cours de la journée, une trentaine de femmes viendront consulter les deux sages-femmes envoyées en renfort dans ce centre habituellement animé par une seule infirmière. Toutes deux travaillent pour l’ONG Marie Stopes International (MSI), dont les onze équipes mobiles sillonnent le territoire sénégalais en s’appuyant sur les structures de santé existantes, pour offrir aux femmes un accès gratuit aux soins : planification familiale, dépistage du cancer du col de l’utérus ou traitement des infections sexuellement transmissibles.

Baisse de fréquentation

Ces activités avaient pourtant baissé au début de la pandémie causée par le coronavirus. Alors que 16 600 femmes avaient été prises en charge au premier trimestre 2020, elles n’étaient plus que 7 683 au deuxième trimestre, période à laquelle la première vague de contamination a frappé le Sénégal. « Nous avons été inquiets de cette baisse de fréquentation car les besoins, eux, restent les mêmes, note Salimata Diouf Cissé, directrice de MSI au Sénégal. La continuité des services est essentielle, par exemple pour prendre en charge les femmes qui ne supportent pas les effets secondaires d’un contraceptif non adapté. Le risque est qu’elles arrêtent de le prendre. »

Or le Sénégal, qui comptait 4,6 enfants par femme en 2018 selon la Banque mondiale, commence à peine à voir les résultats de ses efforts en matière de planification familiale. Si le pays n’a pas atteint l’objectif, fixé par le gouvernement, de 45 % de taux de prévalence contraceptive en 2020, il est passé de 16 % à 26 % entre 2012 et 2020. Une course de fond qu’il ne faut pas stopper, au risque de fragiliser les avancées. « Les femmes avaient peur de contracter le virus en fréquentant des structures sanitaires. Nous avons dû nous adapter pour continuer le service des équipes mobiles, mais aussi les visites à domicile et les causeries tout en respectant les mesures barrières », explique Gaëlle Diop, responsable des opérations de l’ONG.