A cinq semaines de l’élection présidentielle, la tension politique ne cesse de s’accroître au Bénin. Mercredi 3 mars, l’opposante Reckya Madougou, dont la candidature au scrutin a été rejetée, a été interpellée dans la soirée au terme d’une réunion politique. « Elle a tenu des propos en désaccord avec le régime, mais aucun appel à la violence, assure au Monde Frédéric Joël Aïvo, un autre opposant présent sur les lieux et dont la candidature face au président Patrice Talon, grand favori à sa propre succession, n’a pas non plus été retenue. A la sortie, notre véhicule a été bloqué sur le pont de Porto-Novo par les forces de l’ordre comme dans un guet-apens. Il s’agit d’un kidnapping et c’est indigne d’un Etat de droit. »
Reckya Madougou a ensuite été conduite à la brigade économique et financière puis présentée à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Poursuivie pour « association de malfaiteurs et terrorisme », elle est accusée, selon un communiqué publié par le procureur, d’avoir financé, par l’intermédiaire d’un colonel à la retraite et l’un de ses collaborateurs, le meurtre de deux personnalités politiques de la ville de Parakou « afin de provoquer la terreur, le chaos et parvenir ainsi à faire suspendre le processus électoral ».