L’Union européenne a appelé ce samedi les Etats-Unis à faire «des propositions concrètes» sur la levée des brevets de vaccins anti-Covid, Angela Merkel et Emmanuel Macron insistant sur la nécessité de mettre fin à l’interdiction américaine d’exportation des sérums.
Lever les brevets sur les vaccins contre le Covid-19, afin d’accélérer leur diffusion aux pays pauvres, qui manquent cruellement de doses : le soutien surprise à cette mesure, formulé Mercredi par la maison Blanche , continue de faire débat dans l’Union européenne, bousculant l’agenda des Vingt-Sept, réunis en sommet pendant deux jours à Porto. «On doit être prêt à débattre de ce sujet-là dès lors que des propositions concrètes seraient mises sur la table, a réagi ce samedi Charles Michel, le président du Conseil, qui représente les Etats membres.
Sur la question de la propriété intellectuelle, nous ne pensons pas que, à court terme, cela puisse être une solution magique.» «Ce n’est pas quelque chose qui va amener des vaccins dans les mois qui viennent, ni peut-être même dans l’année qui vient. Or il faut des vaccins maintenant», a renchéri la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Les Etats-membres se montrent majoritairement sceptiques sur la proposition américaine – par ailleurs relayée par le pape François – y voyant un coup médiatique de la nouvelle administration. A l’instar de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a redit ce samedi son opposition à une levée des brevets : «Je ne pense pas que la levée des brevets soit la solution pour rendre les vaccins disponibles à un plus grand nombre de personnes, a expliqué la dirigeante. Je crois que la créativité et l’innovation des entreprises sont nécessaires et pour moi, cela inclut les brevets.»
De son côté, Emmanuel Macron, qui s’était dit dès jeudi matin «tout à fait favorable» à la mesure, a précisé ce samedi être en faveur d’«une levée circonscrite», sur le modèle des traitements contre le sida. Le président français a expliqué de nouveau que selon lui, la priorité n’était pas de lever les brevets – autrement dit de ne plus payer de redevance aux labos américains inventeurs des vaccins – mais d’effectuer des transferts de technologie pour installer des sites de production dans les pays pauvres, citant le Sénégal, l’Inde et l’Afrique du Sud. Lever les brevets «sera une réponse, mais seulement quand on aura produit suffisamment de vaccins et que ce ne sera qu’une question de coût», a-t-il jugé.