A quelques jours de l’arrivée dans les pharmacies et les cabinets médicaux de France du vaccin Moderna contre le Covid-19, son patron français Stéphane Bancel voit plus loin et préfère anticiper la menace que représentent les variants
Dans un entretien au Journal du Dimanche du 23 Mai ,il encourage à « vacciner avec une troisième dose toutes les personnes à risque dès la fin de l’été,notamment les résidents des Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] qui ont reçu leur première dose au début de l’année ». Selon lui, le vaccin Moderna donne une immunité « d’un à trois ans selon les malades ». « Sauf que l’arrivée des variants augmente le niveau de la menace », explique-t-il pour justifier cette dose supplémentaire.
Considérant que, « d’ici à l’été, tous les adultes désireux de se faire vacciner auront reçu une première dose », Stéphane Bancel estime qu’il « faudra ensuite très vite cibler les adolescents de 12 à 17 ans ». Aujourd’hui, seul le vaccin de Pfizer-BioNTech est autorisé pour les 16-18 ans en Europe ; Pfizer a aussi demandé une autorisation pour les 12-16 ans et l’a déjà obtenue aux Etats-Unis.
L’idéal serait de les protéger avant la fin du mois d’août. Si on ne vaccine pas massivement, le risque d’une quatrième vague ne peut être écarté », a expliqué le Français qui dirige la société américaine de biotechnologie depuis 2011.
« Vacciner la planète entière »
A partir de la semaine prochaine, le vaccin Moderna sera utilisé en France en dehors des centres de vaccination, par les médecins et les pharmaciens. Un pas de plus vers l’accessibilité des vaccins et « l’immunité de groupe », a assuré son PDG, ajoutant qu’il communiquait régulièrement avec les responsables français, « notamment le président Macron » sur la situation sanitaire.
Moderna teste par ailleurs en ce moment l’efficacité de trois « rappels » différents – souche de Wuhan, souche sud-africaine et un mélange des deux – contre quatre variants du coronavirus. Les premiers résultats de ces essais devraient être connus au début de juin, avant d’autres essais humains à l’été dans le but de « fournir les données aux agences réglementaires en août, pour une homologation en septembre ».
Stéphane Bancel a précisé que Moderna pourrait produire trois milliards de doses par an, ce qui, ajouté aux quatre milliards prévues par Pfizer-BioNTech, serait « assez pour vacciner la planète entière avec une première dose ».