En Hongrie, il n’est désormais plus possible de placarder des publicités montrant deux hommes ou deux femmes s’embrasser, ou même probablement de diffuser des films comme Le Journal de Bridget Jones ou Billy Elliot avant 22 heures à la télévision. Mardi 15 juin, le Parlement hongroisa en effet adopté un projet de loi visant à interdire « la mise à disposition aux enfants de moins de 18 ans des contenus qui montrent ou encouragent la sexualité en elle-même, le changement de genre ou l’homosexualité ». Dès sa promulgation par le président, cette loi s’appliquera dans les médias, l’édition ou la publicité.
Ces dispositions ont été introduites à la dernière minute par des députés du Fidesz, le parti de Viktor Orban, dans un texte visant en théorie à renforcer la lutte contre la pédophilie. Le premier ministre nationaliste a multiplié ces derniers mois les réformes visant à réduire les droits des LGBT dans ce pays d’Europe centrale de 9,7 millions d’habitants. En décembre 2020 , il a fait modifier la constitution pour y faire figurer l’interdiction d’adopter pour les couples homosexuels. « L’objectif de cette loi est la protection des enfants de moins de 18 ans », ont seulement assuré les élus du parti de M. Orban, en évoquant à peine ces amendements contestés lors du débat en séance, boycotté par une grande partie de l’opposition.
Attaques de plus en plus féroces
« Cette loi est copiée sur le modèle russe », dénonce Tamas Dombos, un des dirigeants de l’ONG de défense des droits des LGBT Hatter, qui a participé à une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes devant les portes du Parlement à Budapest, lundi soir. En Russie, la loi portant sur l’interdiction de la « propagande homosexuelle auprès des mineurs » adoptée en 2013 a abouti, de facto, à discriminer les minorités sexuelles. « Il sera par exemple interdit de vendre aux mineurs des livres qui mentionnent simplement des personnages LGBT », proteste M. Dombos.
La chaîne de télévision privée RTL Klub a assuré sur sa page Facebook qu’elle ne pourrait plus diffuser des films comme Le Journal de Bridget Jones, Billy Elliot ou « même certaines parties des adaptations cinématographiques de Harry Potter » avant 22 heures. « La diversité et la tolérance sont des valeurs européennes importantes. Ce projet de loi viole gravement la liberté d’expression et les dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme relatives à la non-discrimination », dénonce la chaîne, qui est le dernier grand canal télévisé encore indépendant en Hongrie.