Appel au dialogue : Diagne Fada, Khalifa Sall et Cie fixent leurs conditions

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Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) 

Déclaration de la Conférence des Leaders

Au lendemain de l’adoption à la hussarde de la loi interprétative de la loi portant amnistie de 2024, le Président de la République a profité des 3 et 4 avril pour se livrer à une opération de charme en direction des populations profondément déçues. Une tentative qui n’aura été en définitive qu’un coup d’épée dans l’eau face à des citoyens désabusés devant tant d’incompétence et d’irresponsabilité érigées en méthodes de gouvernement. 

En effet, les Sénégalais, qui subissent de plein fouet la politique antinationale et antisociale du pouvoir Pastef, sont de plus en plus nombreux à ne nourrir aucune illusion concernant ses promesses creuses suivies de reniement et ses manipulations grossières. Leur circonspection devant le fameux Rapport sur les finances publiques, que l’on cherche à enterrer désormais tant son effet est ravageur pour le pays, en atteste avec éloquence.

A mots à peine couverts, le Président de la République a annoncé un projet de révision constitutionnelle tendant à instituer un Premier ministre « super-fort« . 

Derrière cette formule se cache une manœuvre claire : instaurer un système où le pouvoir exécutif serait capté par une figure non élue, au grand dam de la démocratie ! Autrement dit, donner corps et vie institutionnelle à l’État-Sonko que le FDR ne cesse de dénoncer !

Les prémices d’une telle forfaiture étaient perceptibles dans certaines actions phares de l’État :

– Centralisation des dépenses publiques au niveau de la Primature ;

– Application au Premier Ministre de l’article 254 du Code pénal portant sur l’offense au chef de l’État ;

– Dépôt d’une proposition de loi dépouillant certaines prérogatives foncières des collectivités territoriales au profit de structures dépendant de la Primature ;

– Refus du Premier Ministre de contresigner un décret de nomination proposé par le Président de la République ;

– Utilisation systématique par le Premier ministre de l’avion présidentiel pendant ses voyages. 

Au même moment, le Président Faye annonce l’organisation d’un dialogue sur le système politique. Cette annonce intervient après plusieurs décisions unilatérales prises sans aucune concertation, notamment sur les conditions d’organisation des législatives anticipées et sur les commissions d’inscription sur les listes électorales.

Pour rappel, le FDR n’a cessé de dénoncer ces coups de force et d’exiger la tenue de concertations politiques inclusives et sincères, précisément parce que, dans l’histoire de notre pays, le dialogue a souvent permis de renforcer la démocratie et d’apaiser les compétitions électorales. 

C’est ainsi que le Dialogue national organisé de 2019 à 2023 a permis plusieurs avancées majeures dont : 

– un audit du fichier électoral ; 

– une évaluation du processus électoral ;

– l’élection des maires et des présidents de conseil départemental au suffrage universel direct ;

– l’harmonisation du pourcentage de la répartition des sièges des élections départementales avec les élections municipales (45% au scrutin de liste majoritaire et 55% au scrutin de liste proportionnelle) ;

– la candidature de responsables politiques dont la condamnation a été contestée et ayant bénéficié de la grâce présidentielle ;

– l’accord sur la modification de l’article L.29 du Code électoral par l’intégration de la limitation dans le temps de l’inéligibilité ;

– l’amélioration du système de parrainage à l’élection présidentielle, notamment celui du parrainage citoyen et l’accord sur le parrainage des élus ; 

– l’accord sur le montant de la caution qui ne peut excéder la somme de trente (30) millions de francs CFA pour l’élection présidentielle ;

– la mise en place du Pool judiciaire financier et le renforcement des pouvoirs de l’OFNAC ;

– des accords de principe sur la modification de la loi 81-17 du 06 Mai 1981 relative aux partis politiques dans le sens de son renforcement, le financement des partis, le statut du chef de l’opposition et la mise en place d’une commission d’évaluation de la CENA et du CNRA.

Le FDR, constant dans son option principielle, demeure favorable au dialogue politique, à condition que celui-ci soit sincère et permette des concertations fructueuses dans l’intérêt du Sénégal. Mais il ne cautionnera aucun dialogue-subterfuge visant à couvrir un transfert anticonstitutionnel du pouvoir exécutif à un Premier ministre « super-fort ». 

En tout état de cause, et comme pour tous les dialogues précédents, il revient au Président de la République de prouver sa sincérité en s’engageant solennellement à faire respecter les libertés inscrites dans notre Constitution et à appliquer l’ensemble des recommandations consensuelles issues des discussions, le cas échéant. 

Un tel engagement s’impose d’autant plus que le consensus obtenu à l’occasion de la seule rencontre à laquelle l’opposition a participé avec le ministre de l’Intérieur, à la veille des législatives de 2024, avait été cavalièrement invalidé par l’Exécutif. 

Une nation soudée se bâtit sur le sacre de la vérité et l’éthique, et non sur la culture du reniement et de la duplicité.

Dakar le 10 avril 2025

La Conférence des Leaders 

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