Un scénariste et un producteur sénégalais de séries qui projetaient de s’inspirer d’une retentissante affaire d’accusations de viol présumé contre le principal opposant du pays ont décidé de suspendre leur projet, le temps de revoir leur copie, a indiqué lundi 19 avril le gendarme national de l’audiovisuel.

La série, dont la diffusion devait débuter prochainement, devait initialement s’appeler Thiey Adji Sarr, reprenant dans son titre le nom de la jeune masseuse qui a accusé de viol et de menaces de mort le député Ousmane Sonko, l’un des principaux rivaux du président Macky Sall.

La détention pendant cinq jours début mars de M. Sonko, qui clame son innocence et dénonce un complot, a déclenché les pires troubles qu’ait connus depuis longtemps ce pays réputé pour être un rare îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest.

La polémique entre les soutiens inconditionnels d’Ousmane Sonko et ceux qui louent le courage de la jeune femme a été relancée avec la diffusion début avril d’une bande-annonce qui « présente Adji Sarr comme une prostituée », a dénoncé dans la presse son avocat, El Hadji Diouf.

« Je trouve cela cruel, inhumain et honteux. On ne va pas les laisser salir l’image d’Adji Sarr pour on ne sait quelle cause. On cherche à la diaboliser, à la décrédibiliser », a ajouté l’avocat, qui a saisi le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et déposé une plainte en justice pour exiger le retrait de la série.

Les promoteurs de la série, dont le scénariste et acteur Aziz Niane, ont évoqué une œuvre de fiction et se sont défendus de s’être inspiré d’une « histoire survenue au Sénégal ». Ils ont aussi annoncé une modification du titre, proposant à la place Baline Coumba, qui peut être traduit par « La femme fauteuse de troubles » en langue wolof.

Finalement, « le producteur et le scénariste ont décidé l’arrêt de la série pour une réécriture », a déclaré lundi à l’AFP Babacar Diagne, le président du CNRA. M. Sonko, 46 ans, a été inculpé le 8 mars pour viol et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire, après cinq jours de garde à vue.