Ces derniers jours, tandis que les chaleurs estivales attiraient les premiers baigneurs sur les plages tunisiennes, les photos et vidéos de la situation sanitaire à Kairouan, dans le centre du pays, ont provoqué une onde de choc. Partagées sur les réseaux sociaux, elles montrent des médecins épuisés face à l’afflux de patients atteints du Covid-19, des malades amenés en urgence à l’hôpital sur des charrettes, des services municipaux débordés par les enterrements et des manifestants réclamant à grands cris la démission du gouverneur.
Avec un taux de positivité de 50 % et une campagne vaccinale encore embryonnaire, la région subit de plein fouet la troisième vague de Covid-19, comme trois autres gouvernorats situés dans le Nord. Le gouvernement y a décrété un nouveau confinement général pour une semaine, à compter de lundi 21 juin.
La situation à Kairouan met en exergue les défaillances de la gestion de la crise sanitaire, de plus en plus critiquée, dans un contexte politique et social explosif. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lorsque [le chef de gouvernement] Hichem Mechichi est entré en fonctions en septembre 2020 ,le pays comptait quelques centaines de morts du Covid-19. Aujourd’hui, nous sommes à près de 14 000 morts. Il faut se demander pourquoi nous avons échoué depuis cinq mois à stopper cette troisième vague », questionne l’analyste politique Mahdi Elleuch.
Certains mettent en cause la lenteur de la campagne de vaccination, commencée mi-mars, mais soumise aux aléas de l’approvisionnement, avec d’importants retards dans les livraisons de doses.
« Un gouvernement aux abois »
La résurgence dramatique de la pandémie n’est qu’un des aspects de la crise multiforme qu’affronte aujourd’hui le gouvernement tunisien. M. Mechichi avait également été critiqué, en janvier, pour sa gestion des manifestations de jeunes des quartiers populaires contre le chômage et la hausse des prix, qui avait mené à près de deux mille arrestations.