Reviendra ? Reviendra pas ? Depuis une interview publiée dans le quotidien Aftonbladet le 24 novembre 2020, la Suède bruissait de rumeurs. Tout en noir, assis à côté du douzième « guldbollen » (le ballon d’or suédois) de sa carrière, Zlatan Ibrahimovic, 39 ans, répond aux questions du journaliste sportif Erik Niva. Trémolos dans la voix, les yeux qui brillent, l’attaquant du Milan AC se lance : « Si tu me demandes et que je réponds honnêtement, oui, l’équipe de Suède me manque. Ce n’est pas un secret. »
Etait-ce la main tendue qu’attendait le sélectionneur Janne Andersson ? En tout cas, dès le lendemain, celui-ci embarque à bord d’un avion pour Milan. De la rencontre, on ne saura rien, si ce n’est qu’elle a été « très bonne et productive » et que « le dialogue continue ». Il a fini par aboutir le 16 mars : pour la première fois depuis cinq ans, Zlatan Ibrahimovic figure sur la liste des joueurs sélectionnés pour le premier match des éliminatoires à la Coupe du monde, contre la Géorgie, jeudi 25 mars, à la Friends Arena de Solna, près de Stockholm.
En Suède, le retour de l’ancien international ne fait pas l’unanimité. Car si Janne Andersson semble prêt à passer l’éponge, les Suédois, eux, n’oublient pas. Depuis son départ de l’équipe des « bleus et jaunes » en juin 2016, après 116 matchs et 62 buts, Zlatan Ibrahimovic n’a pas raté une occasion d’attaquer ses anciens collègues et le nouveau sélectionneur.
« Le retour du dieu »
Dans un entretien au journal Expressen, en octobre 2019, il qualifiait l’équipe nationale de « secte » et accusait Janne Andersson de ne pas choisir les joueurs d’origine étrangère. « Il détruit tout ce que j’ai construit en vingt ans », affirmait-il alors. En septembre 2020, à l’issue du match contre la France, perdu un but à zéro, Zlatan Ibrahimovic en remet une couche dans un tweet assassin, où il peste contre les personnes « incompétentes » qui « étouffent le football suédois ».
Alors, depuis le 16 mars, on guette les signes. L’attaquant est-il prêt à laisser son ego surdimensionné au vestiaire et rejoindre une équipe soudée, qui s’est qualifiée sans lui à l’Euro et a su mener la Suède jusqu’aux quarts de finale de la Coupe du monde 2018 – un résultat jamais atteint avec « Ibra », même s’il reste le plus grand joueur de l’histoire du football suédois ?
Le message très zlatanesque qu’il a posté sur les réseaux sociaux le 16 mars, n’a surpris personne : « le retour du dieu », proclame-t-il, au-dessus d’une photo où il porte le maillot jaune frappé du numéro 10. Lundi 22 mars, en conférence de presse, Zlatan Ibrahimovic a révélé qu’Emil Forsberg avait proposé de le lui rendre, mais qu’il a demandé à récupérer le numéro 11, celui du « nouveau Zlatan ». Il ne sera pas non plus le capitaine de l’équipe – le brassard est porté par le défenseur Andreas Granqvist, qui depuis s’est blessé.
Face aux médias, Zlatan Ibrahimovic a fait preuve lundi d’une humilité rare, reconnaissant qu’il n’était « plus le même joueur qu’il y a quelques années » mais qu’il pouvait encore « donner quelque chose », et qu’il avait été retenu parce qu’il « le mérit[ait] ». « Je ne suis pas là pour faire mon propre show », a-t-il assuré, répétant qu’il voulait « aider et contribuer ». Il a rendu hommage à l’équipe et à son sélectionneur et même versé une larme quand il a raconté que son fils, Vincent, avait pleuré lorsqu’il l’a laissé à Milan pour rejoindre Stockholm.