Pour des raisons diplomatiques et économiques, Pékin se place plus que jamais en observateur neutre, loin du soutien auquel Moscou pouvait s’attendre il y a encore quelques semaines.
S’il est un pays qui pourrait être capable de peser sur la Russie pour qu’elle arrête son offensive en Ukraine, c’est la Chine. Mais Pékin évite de mettre le poids de sa puissance économique dans une tentative d’arbitrage entre Moscou et Kiev.
Les relations diplomatiques et économiques sino-russes ont été renforcées début février lors du voyage de Vladimir Poutine à Pékin. Ceci alors que les échanges commerciaux sino-ukrainiens s’étaient considérablement renforcés depuis une dizaine d’années.
Mais par rapport à la guerre qui fait rage actuellement en Ukraine, les dirigeants chinois restent dans une position d’observation.
Ils ont certes affirmé à plusieurs reprises qu’ils sont disposés à jouer un rôle d’arbitre entre la Russie et l’Ukraine. Mais cette proposition n’a pas été accompagnée d’une véritable pression pour contraindre Moscou à l’accepter.
En Europe, les responsables qui poussent la Chine à jouer un rôle en vue d’un cessez-le-feu ne manquent pas. Josep Borrell, le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, déclarait notamment le 7 mars: «C’est évident que la Chine a une influence claire sur la Russie […]. Elle peut jouer un rôle important si elle le veut pour trouver une solution diplomatique.»
Un propos que partage Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, quand il dit que «la Chine peut faire pression sur la Russie. Le seul fait qu’elle se soit abstenue au Conseil de sécurité montre qu’il n’y a pas un total alignement entre la Chine et la Russie.»
Par ailleurs, en Chine, le magazine Caixin a publié le 3 mars une interview de Laurent Bili, ambassadeur de France à Pékin, qui estime que «la Chine a un rôle particulièrement important à jouer afin de contribuer à la négociation d’un véritable cessez-le-feu […]. La Chine ne peut rester indifférente à une violation de la Charte des Nations unies.»
Abstentions de masse
Au Conseil de sécurité de l’ONU, chaque fois que la question de l’intervention russe est abordée, la Chine s’abstient plutôt que de condamner la Russie comme le fait une majorité de pays. Mais, le 8 mars, lorsqu’Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz se sont entretenus en visioconférence avec Xi Jinping, celui-ci n’a pas signifié la moindre intention chinoise d’intervenir dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Si les deux dirigeants européens ont pu évoquer la possibilité d’intervenir avec la Chine auprès de Vladimir Poutine, de son côté Xi Jinping s’est simplement contenté d’appeler à «la plus grande prudence» à propos de l’Ukraine. Il a seulement annoncé que la Chine allait y envoyer une aide humanitaire avant d’«encourager les Russes et les Ukrainiens à surmonter les difficultés, et à aboutir à des résultats pacifiques».