La défiance est telle que la reprise de contact s’annonce compliquée entre la France et les Etats-Unis. Pour surmonter une crise inédite et brutale, après l’annulation par l’Australie de l’achat de douze sous-marins français pour leur préférer des bâtiments américains à propulsion nucléaire, il est certes question d’une conversation entre Joe Biden et Emmanuel Macron : le président américain en a fait la proposition à son homologue français. Un contact pourrait avoir lieu « dans les prochains jours », sans qu’aucune date soit à ce stade précisée. L’heure n’est pas encore à la réconciliation. « La crise est profonde et va durer, même si nous avons le sentiment que Washington a compris que nous étions en colère », dit un diplomate.
Pendant le week-end, après le rappel à Paris des ambassadeurs en poste à Washington et à Canberra, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a encore eu des mots qui ne laissent aucune place à l’ambiguïté. Furieux de l’attitude de l’administration démocrate envers ses alliés, il a comparé la façon de faire de Joe Biden « à celle de Donald Trump, sans les tweets ». « Il y a eu mensonge, il y a eu duplicité, il y a eu une rupture majeure de confiance, il y a eu mépris, donc ça ne va pas entre nous », a dit le chef de la diplomatie française sur France 2.
Tout comme la débâcle des Occidentaux en Afghanistan, le contentieux risque de dominer la visite, cette semaine, de M. Le Drian à New York, où il participe à l’Assemblée générale de l’ONU. Car la crise des sous-marins pose de multiples questions, non seulement sur la manière d’agir entre pays alliés, mais aussi sur la stratégie à adopter face à la Chine, en particulier dans l’Indo-Pacifique.