Déclaration du Comité d’Initiative des Forces Démocratiques pour le Soutien au Peuple nigérien

A la suite de la récente tentative de coup d’Etat au Niger, déclenchée depuis le mercredi 26 juillet au petit matin à Niamey, des organisations de la société civile et des partis politiques, regroupés ont mis en place un cadre dénommé, Comité d’Initiative des Forces Démocratiques Pour le Soutien au Peuple Nigérien, ce dimanche 30 juillet 2023 à Dakar et décidé de publier la présente Déclaration sur la situation dans la République sœur du Niger.

La tentative de coup d’Etat en cours au Niger, puisque c’est de cela qu’il s’agit, est une nouvelle forfaiture en Afrique de l’Ouest, d’ hommes en armes , dont la mission essentielle est d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens, de protéger et de défendre les Institutions de la République, l’Etat de droit et l’intégrité du territoire.

Avant-hier c’était au Mali et en Guinée, hier c’était au Burkina et aujourd’hui c’est au tour du Niger. A quel pays de l’Afrique l’Ouest le prochain tour ? Voilà la question légitime que se posent tous les démocrates et républicains africains et au-delà ?

Sur un plan purement affectif, la tentative de coup d’Etat au Niger, touche directement Mohamed Bazoum, un Président ami de notre pays, mieux, un homme dont le Sénégal est la seconde patrie, pour y avoir fait ses humanités universitaires et qui y compte de nombreuses relations, notamment des camarades et des amis.

Sur un plan plus objectif, celui des principes, la tentative de coup d’Etat en cours au Niger , n’est ni plus ni moins, qu’un acte de pure banditisme, perpétré par un homme, le Général Tchani, chargé de la sécurité de la présidence depuis plus d’une décennie, qui en vrai général félon, a séquestré et kidnappé le Président Bazoum à son retour de la prière de l’aube, dans l’enceinte de sa résidence privée du Palais . D’ailleurs au moment de cette Déclaration, le Président légitime du Niger est toujours sous son kidnapping !

Rappelons que le Président Bazoum a été élu par le peuple nigérien à l’issue d’élections démocratiques en début 2021 pour succéder au Président Mamadou Issoufou. Le Président Mamadou Issoufou, à l’issue de deux mandats de cinq ans, a respecté  la Constitution et sa parole, en ne briguant pas un autre mandat.

Cette expérience démocratique inédite et historique du Niger  vient l’être stoppée malheureusement, par un Général félon, qui, après son forfait et 24 heures de flottements et de cachoteries, a fini par sortir au grand jour, pour se déclarer, toute honte bue, Chef de l’Etat et tenter de justifier son acte par des arguments fallacieux sur la situation sécuritaire du Niger et sa gouvernance.

Disons-le tout net, sa forfaiture a pour unique raison son refus d’aller à la retraite militaire, qui lui avait été annoncée et programmée pour le 31 octobre 2023 avec d’autres officiers !

Dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest où les coups d’Etat sont intervenus depuis quelques années, c’est la même rengaine et le même mode opératoire. Les putschistes passent à l’action puis expliquent leurs interventions par la situation sécuritaire mal gérée alors que c’est eux qui l’ont directement en charge , c’est objectivement le bilan de leur propre faillite.

Ensuite, pour duper la jeunesse de leur pays et la mobiliser dans l’immédiat, ils invoquent une mal gouvernance et une soi-disant collusion entre les régimes déchus et la France. Et le tour est joué. Ils promettent des passations de pouvoir aux civils qui ne viennent jamais !

La souveraineté populaire et démocratique ne doit jamais continuer à être confisquée dans nos pays ou usurpée illégalement et illégitimement par une poignée d’hommes appartenant aux Forces de défense et de sécurité.

Aucun argument, aucun prétexte ne peut le justifier.

Au-delà du Niger, c’est tout l’espace CEDEAO et toute la région Ouest africaine qui sont menacés par ces coups d’Etat .

Avec  l’effet dominos, aucun autre pays ne sera épargné.  La question sécuritaire dans le Sahel doit être placé au cœur des agendas nationaux dans chaque pays de la Sous-région.

Osons le dire; la République, la Démocratie et l’Etat de droit sont en péril en Afrique de l’Ouest.

Par l’effet combiné et pernicieux des menaces djihadistes et des coups d’Etat, tous les citoyens, tous les démocrates et patriotes, ainsi que leurs organisations , les Etats et les institutions régionales, doivent garder à l’esprit ces menaces imminentes et savoir que si le verrou nigérien saute avec le Président Bazoum, la situation risque d’être encore plus dangereuse pour tous .

C’est pourquoi, le Comité d’Initiative des Forces pour La Défense du Peuple Nigérien:

1- condamne avec la dernière énergie,  la tentative en cours de coup d’Etat au Niger et exige la libération immédiate et sans condition du Président Mohammed Bazoum et de sa famille, le rétablissement des institutions  légitimes et légales dont le peuple nigérien s’est souverainement doté.

2- salue le courage dont fait preuve le Président Bazoum, qui refuse, en dépit des intimidations, toute démission; et les réactions de rejet du peuple et des organisations démocratiques du Niger contre  cette tentative de coup de force.

3- salue le rejet quasi unanime de la tentative de coup d’Etat par les Nations Unies, l’Union Européenne, l’Union Africaine, la CEDEAO, L’UEMOA et toutes les Démocraties en Afrique et dans le monde.

4- Soutient toutes les sanctions prises contre les auteurs de la tentative de coup d’Etat, visant la libération immédiate du Président Bazoum et de sa famille et le Rétablissement sans délai des institutions légales et légitimes au Niger.

Dans ce sens, nous saluons la célérité et la fermeté des sanctions de la CEDEAO, notamment, le délai d’une semaine accordé aux putschistes pour revenir à la situation institutionnelle ante, la libération immédiate du Président Bazoum  et la possibilité d’un recours à la force si la situation l’exige.

5- lance un appel aux populations , aux intellectuels,  aux jeunesses, aux organisations de la société civile, aux syndicats, aux partis politiques africains en général, ceux de l’espace CEDEAO en particulier, de se mobiliser fortement et résolument, pour défendre les institutions dont les peuples se sont légitimement et légalement dotés pour la Démocratie, l’Etat de droit et la République; les invite à s’organiser et se mobiliser  partout  pour accélérer le processus de mise en place d’une CEDEAO et d’une Afrique des peuples .

Enfin le Comité d’Initiative appelle tous les démocrates et patriotes sénégalais, de la Sous-région et du continent à le rejoindre pour élargir ses rangs et rendre plus efficace son action.

Signataires:

-Partis et Mouvements politiques: PS, LD, AJ PADS, UDF Mboolo-mi, Andu Nawlé, PNDS Taraya

-Société Civile et Personnalités démocratiques: Club Sénégal Émergent, Club Convergences Plurielles, Aymerou Nguingue Maire, ancien Président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar