Les élections législatives anticipées en Algérie, un scrutin rejeté par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l’opposition, ont été marquées, samedi 12 juin, par une très forte abstention.
Il s’agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire inédit et pacifique, né le 22 février 2019 du rejet d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, poussé près de deux mois plus tard à la démission, après vingt ans de règne.
Enjeu principal, le taux de participation national n’a atteint que 30,20 %, le score le plus faible depuis au moins vingt ans pour des législatives, selon le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Chorfi.
A titre de comparaison, il se situait à 35,70 % lors des législatives de 2017 (42,90 % en 2012). La participation est même en recul par rapport à la présidentielle de 2019, qui avait vu Abdelmadjid Tebboune élu avec seulement 40 % des voix, soit une abstention record pour une telle élection.
Mais, quoi qu’il arrive, le pouvoir s’en accommodera. « Pour moi, le taux de participation n’a pas d’importance. Ce qui m’importe, c’est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante », a déclaré le président algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Des échauffourées et des arrestations
Les opérations de vote se sont déroulées généralement dans le calme à Alger, où les électeurs se comptaient sur les doigts d’une main, et en province, sauf en Kabylie, région frondeuse où la participation a déjà été quasi nulle lors des précédents scrutins.
Les Algérois ont défilé au compte-gouttes dans les isoloirs, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) sur place.
« Je n’ai jamais voté et, cette fois, c’est pareil. Je ne crois pas que les choses pourront changer », a dit Fatiha, une commerçante cinquantenaire.
En Kabylie (nord-est), la quasi-totalité des bureaux de vote ont fermé à Béjaïa et Tizi Ouzou, les villes les plus peuplées de la région berbérophone, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Des échauffourées ont éclaté dans plusieurs communes kabyles, avec saccage des urnes, et les forces de l’ordre ont procédé à des dizaines d’interpellations, selon la LADDH et le CNLD.