Les cours du pétrole s’emballent, dans un climat d’incertitudes

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Retour à la case départ ? Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, les cours de l’or noir ont dépassé, lundi 8 mars, la barre symbolique des 70 dollars (environ 59 euros). Depuis, le baril de Brent, qui fait office de référence à l’échelle mondiale, oscille autour de 68-69 dollars. Le pétrole revient donc à des niveaux comparables à ceux de début 2020, quand le Covid-19 n’était qu’une vague grippe cantonnée à la région de Wuhan (est de la Chine). Cette remontée progressive des prix depuis six mois marque-t-elle le retour à la normale pour les traders et les compagnies pétrolières ? Plusieurs signaux incitent à la prudence.

 Le premier lieu, les cours du baril sont soutenus avec force par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et son allié, la Russie. Lorsque les premières mesures de restriction sanitaire ont été adoptées, en mars 2020, l’Arabie saoudite – qui dirige de fait l’OPEP – avait plaidé en faveur de sérieuses coupes dans la production pour faire face à la baisse fulgurante de la demande. Cependant, Riyad et Moscou n’ont pas trouvé d’accord et se sont lancés rapidement dans une guerre des prix, qui a fait chuter le baril de Brent à 12 dollars. Le pétrole américain a même connu un bref épisode de prix négatifs.

Pour remonter la pente, les Etats pétroliers se sont infligé une sévère cure de réduction de la production, et ont retiré du marché environ 10 millions de barils par jour (sur un total mondial d’environ 100 millions de barils consommés quotidiennement). Cette stratégie a fonctionné, et elle continue d’être suivie avec constance par l’Arabie saoudite. En décembre 2020, le royaume wahhabite s’est même imposé des coupes supplémentaires non prévues par l’accord dans le cadre de l’OPEP et ce, pour permettre aux prix de remonter.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Pétrole : la paix fragile entre la Russie et l’Arabie saoudite ne rassure pas le marché

« Je pense que les décisions qui ont été prises récemment dans le cadre de l’OPEP + [l’alliance entre l’OPEP et la Russie] nous donnent encore des raisons de croire que la transition vers une situation normale de l’économie mondiale sera douce, calme et stable », s’est félicité, jeudi 11 mars, le président russe, Vladimir Poutine. Ce rebond profite d’abord aux grands pays producteurs et aux compagnies pétrolières. Il est aussi soutenu par la confiance qui accompagne le déploiement de la vaccination et la reprise de l’économie mondiale.

La grande inconnue reste la reprise de la demande

Toutefois, cet équilibre ne tient que grâce à la bonne volonté saoudienne. Le royaume estime justement que la situation n’est pas revenue à la normale, et qu’il faut déployer des mesures exceptionnelles pour empêcher les prix de s’effondrer une nouvelle fois. Surtout, il fait le pari que cette remontée des cours ne va pas relancer les forages au Texas. En dix ans, le pétrole de schiste est devenu le cauchemar des Saoudiens. Lorsqu’ils font des efforts pour limiter leur production, les cours montent, et les Américains – chez qui le coût de production est assez élevé – se mettent à forer davantage, bousculant le marché. Le ministre saoudien de l’énergie, Abdelaziz ben Salmane, mise sur le fait que, cette fois-ci, la crise a été trop sévère pour les producteurs de schiste, et qu’ils ne sont pas en mesure de redémarrer.

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