C’est une décision qui a tout d’une bombe politique. A six mois des élections législatives du 26 septembre, l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le service chargé du renseignement intérieur outre-Rhin, a missous surveillance policière le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), première force d’opposition au Bundestag, où son groupe compte 88 députés (sur 709).
Effective depuis le 25 février, la décision n’a pas été confirmée officiellement par le BfV, celui-ci ne souhaitant pas s’exprimer publiquement, en raison d’une procédure judiciaire en cours. Informés depuis quelques semaines de la menace qui planait sur leur parti, les dirigeants de l’AfD ont en effet déposé plusieurs plaintes contre le BfV, notamment auprès du tribunal administratif de Cologne, obligeant le service du renseignement intérieur à ne pas communiquer sur sa décision. Celle-ci a toutefois été révélée par plusieurs grands médias allemands, mercredi 3 mars, sans être démentie.
Ecoutes et infiltrations possibles
Concrètement, la mise sous surveillance de l’AfD signifie que ses responsables locaux et nationaux – à l’exception des parlementaires et des candidats aux prochaines élections – peuvent faire l’objet d’écoutes téléphoniques, et que leur correspondance est susceptible d’être interceptée. Pour cela, l’autorisation d’un juge n’est pas nécessaire, le BfV ayant seulement besoin du feu vert de la commission G10.