Une, deux, puis finalement trois doses ? Alors que la campagne vaccinale s’est accélérée, permettant d’atteindre désormais une couverture complète de la moitié de la population française, l’opportunité d’un rappel à la rentrée divise les experts. Si l’Allemagne vient d’annoncer un rappel vaccinal pour les personnes âgées et vulnérables à partir du 1er septembre, les annonces d’Emmanuel Macron sur le sujet dessinent une cible floue pour ce schéma vaccinal en trois étapes : lors de son allocution du 12 juillet, le président a interpellé « ceux qui, vaccinés les premiers, c’est-à-dire en janvier-février, verront prochainement leur taux d’anticorps baisser, leur immunité diminuer ».
S’agit-il seulement des résidents d’Ehpad qui ont inauguré la campagne vaccinale dès la fin décembre 2020 ? Doit-on également compter les personnes âgées de 75 ans et plus ? Ou celles souffrant de comorbidités dès l’âge de 50 ans ? « Les arbitrages ne sont pas encore rendus, mais devraient l’être d’ici à la mi-août », explique le ministère de la santé, citant toutefois l’avis du conseil scientifique publié le 6 juillet. Dans cette note, les experts visent clairement « les personnes de plus de 80 ans résidant en Ehpad ou à domicile, ainsi que les patients immunodéprimés au sens large ». C’est-à-dire environ 5 millions de personnes, selon le ministère.
De premières études montrent en effet une baisse précoce du niveau d’anticorps chez les personnes âgées ou très à risque de contracter une forme grave du Covid-19, ce qui pourrait plaider en faveur d’un rappel pour ces populations. Une équipe de chercheurs de l’Institut de virologie de Düsseldorf a montré, à l’occasion d’une étude parue le ,27 avril dans la revue Clinical Infectious Disease, qu’après une deuxième injection, 31,3 % des personnes de plus de 80 ans de leur cohorte n’avaient pas d’anticorps neutralisants détectables, contrairement au groupe des moins de 60 ans, dont seulement 2,2 % ne possédaient pas ces anticorps capables de bloquer la propagation du virus dans leur organisme.
Importance de la mémoire immunitaire
Le 22 juillet, une autre équipe allemande a démontré dans the Lancet que les personnes ayant subi une greffe de rein avaient un taux d’anticorps plus de deux fois inférieur à celui du personnel médical servant de groupe témoin. « Certains systèmes immunitaires sont fatigués ou déficients. Ces études récentes peuvent sous-entendre que dans une population très à risque, une troisième dose permettrait de booster l’immunité due aux anticorps pour éviter les infections et aussi de faire une expansion de cellules mémoire un peu plus importante », souligne Matthieu Mahévas, de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil et de l’Institut Necker-Enfants malades.