Une certaine confusion règne à Bamako. La junte militaire, au pouvoir depuis le 18 août dernier, avait organisé, ce samedi matin 29 août, un très large échange sur la mise en place de la transition. Pour « des raisons d’ordre organisationnel », le Comité national pour le salut du peuple (CNPS) a décidé de reporter la réunion.

La junte militaire avait prévu la réunion de ce samedi 29 août, au lendemain de la visioconférence des chefs d’État de la Cédéao qui ont exigé que les militaires rendent « immédiatement » le pouvoir aux civils, en lançant un processus de transition d’un an maximum, dirigé par un président et un Premier ministre civils.

En clair, tout l’inverse de ce que les putschistes réclamaient. La réunion de ce matin était donc très attendue, notamment pour que le CNP dévoile ses positions sur les exigences de la Cédéao. Mais au dernier moment, moins d’une heure avant le début de cette réunion, elle a été annulée par la junte .

Pour le moment, le CNSP a simplement invoqué « des raisons d’ordre organisationnel ». Il s’agirait de mieux préparer cette rencontre, afin de la rendre plus inclusive. Elle est donc « reportée à une date ultérieure », sans plus de précisions, à ce stade.

Vendredi soir, la junte avait officiellement convié à la rencontre de ce samedi matin les partis politiques de l’opposition, mais aussi ceux de la majorité, du centre et non alignés, ainsi que les organisations de la société civile et les groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix de 2015.

Cela faisait déjà beaucoup de monde, mais le fait est que les mouvements religieux n’étaient pas cités. Or, on connaît l’implication de l’imam Mahmoud Dicko sur la scène politique malienne. Il a été l’un des leaders de la contestation dans les rues de Bamako, ces derniers mois. Aujourd’hui, il explique être « retourné dans sa mosquée », mais rappelle aussi que sa mosquée « est au Mali », une façon de dire qu’il ne compte pas être totalement

écarté de la suite des évènements.

Un cadre de la CMAS, l’organisation de l’imam Dicko, assurait à RFI, en milieu de journée, que l’annulation de la rencontre de ce matin avait « forcément un lien » avec ces déclarations. « Ils ont compris que ce serait une faute politique de ne pas nous associer », estime-t-il.

Regrets du M5-RFP

De la même manière, le mouvement M5-RFP avait dès vendredi soir « regretté de ne pas avoir été invité à ladite rencontre ».

Il est vrai que la coalition du M5-RFP est bien composée de partis politiques et d’organisations de la société civile, incluses donc dans l’invitation mais ce qu’il faut comprendre, c’est que le M5 estime que le Coup d’État militaire du 18 août a en fait « parachevé » la contestation populaire qu’il avait lui-même initié et mené, tambour battant, pendant plusieurs mois. Le M5-RFP souhaite donc être davantage impliqué dans l’organisation de la transition, être en quelque sorte un associé de la junte, au même niveau, et pas seulement un acteur parmi d’autres.

Un cadre du M5 expliquait, ce samedi matin à RFI, que la junte leur avait « notifié » l’annulation de la rencontre, mais sans préciser les motifs de cette annulation. Mais pour lui, cela avait « sans doute » à voir avec les revendications de la coalition qui demande, à présent, aux militaires au pouvoir, une réunion rapide.

RFI