Il était chargé de constituer un nouveau gouvernement de « large ouverture ». Le nouveau président de transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, a désigné vendredi 11 juin les membres de ce nouveau gouvernement, ainsi que l’a fait savoir à la télévision nationale le secrétaire de la présidence, Ali Coulibaly. La nouvelle équipe compte 28 membres, dont 25 ministres et 3 ministres délégués.
Les militaires obtiennent des postes-clés comme la défense, la sécurité et la réconciliation nationale. Auteurs de deux putschs en neuf mois, ils gardent donc la haute main sur les ministères régaliens, alors que l’ambiance s’est tendue entre Bamako et son allié français après que Paris a émis des critiques quant à la légitimité du nouveau président de la transition.
L’un des meneurs du coup d’Etat d’août 2020, Sadio Camara, retrouve le portefeuille de la défense. Son éviction du gouvernement fin mai par l’ancien président de la transition, Bah N’Daw, est considérée comme l’un des éléments déclencheurs du second putsch en neuf mois qu’aura mené le colonel Goïta.
Le colonel-major Ismaël Wagué, autre meneur du putsch d’août, garde le portefeuille de la réconciliation nationale, tandis que l’ancien chef d’état-major adjoint des armées maliennes, le colonel-major Daoud Aly Mohammedine, et le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga prennent respectivement la tête de la sécurité et de l’administration territoriale.
Un gouvernement présenté comme « inclusif »
Après sa nomination, le premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, issu du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP, collectif d’opposants de religieux et de membres de la société civile), avait promis un gouvernement « inclusif » et « d’ouverture ».
Nomination notable d’ouverture parmi les 28 ministres : un autre membre éminent du M5-RFP, Ibrahim Ikassa Maïga, également membre du parti de l’ancien opposant aujourd’hui décédé Soumaïla Cissé, devient ministre de la refondation de l’Etat.
M. Maïga, qui fait partie du Comité stratégique du M5-RFP, est également membre du bureau politique de l’URD, parti de l’ancien principal opposant, Soumaïla Cissé, mort en décembre. Le ministre Abdoulaye Diop, qui faisait partie du gouvernement sous le président Ibrahim Boubacar Keïta,retrouve son poste aux affaires étrangères.
Cette annonce intervient au lendemain de déclarations fortes faites par Emmanuel Macron sur le futur de la présence française au Sahel, après huit ans de présence militaire sans que la situation s’améliore sur le terrain. Les groupes djihadistes combattus ont, au contraire, pris de plus en plus d’ampleur au fil des ans.