Environ 500 personnes meurent chaque jour en Iran d’une infection au Covid-19 d’après les chiffres officiels. Le nombre total de décès s’élève quant à lui à 70 000 morts, un chiffre minimisé selon le Conseil scientifique iranien, qui estime qu’il pourrait être quatre fois supérieur
La rédaction des Observateurs a publié une série d’articles sur la pandémie qui a touché sévèrement le pays l’année dernière, mais tous les soignants interrogés ces derniers jours ont confirmé que ce qu’ils vivaient aujourd’hui était bien pire que la situation de 2020.
Il n’y a littéralement plus de place dans les hôpitaux de Téhéran. Ils ont rempli de lits les cafétérias et les salles de soins pour les patients atteints du Covid-19. Certains hôpitaux transformés en “centres Covid-19” comme l’hôpital Masih Daneshvari n’acceptent plus personne aux urgences, il n’y a pas de place, pas même de brancards. Ils ont même mis des caisses de rangement dans la cour pour pouvoir mettre plus de lits.
« les vies des patients sont mises en danger par le manque de médicaments. Les protocoles médicaux prévoient par exemple de donner deux comprimés de kaletra [un antiviral, NDLR] toutes les huit heures. Vu qu’ils n’en n’ont pas assez, ils donnent un seul comprimé.
Au-delà du manque de moyens, il y a aussi une lourde charge mentale pour le personnel médical avec un nombre de morts élevé tous les jours, ce qui est difficile à vivre. Dans tous les hôpitaux où je me rends, j’entends la même chose : les soignants ne peuvent plus continuer de travailler dans ces conditions.
Je remarque aussi que de plus en plus de personnes vivant en banlieue de Téhéran viennent dans la capitale pour se faire soigner parce qu’il n’y a plus de lits là où ils vivent. Ces hôpitaux [de banlieue] sont encore plus saturés que ceux de Téhéran, et on peut voir à l’extérieur des proches de malades assis ou endormis dans leurs voitures ou dans la cour. Dans les cours des hôpitaux il y a aussi tous les corps en attente de transfert. Dans le regard des gens, il n’y a que de la peine et du découragement. C’est apocalyptique et tellement dur d’assister à ça”