Béchir Ben Yahmed est décédé ce lundi 3 mai à l’hôpital Lariboisière, à Paris, des suites du Covid-19.Jusqu’à son hospitalisation, fin mars, cet ancien élève de HEC natif de l’île tunisienne de Djerba aura délibérément refusé de porter le masque et de se faire vacciner, tout en continuant de vouloir serrer la main à ses interlocuteurs. Ainsi disparaît, à 93 ans, le patron de Jeune Afrique, le seul news magazine panafricain pouvant s’enorgueillir d’avoir franchi le cap des 60 ans.

L’aventure commença à Tunis le 17 octobre 1960 – année-phare de l’indépendance de 17 pays africains – sous la dénomination Afrique Action, avant de se poursuivre l’année suivante, après une escale à Rome, à Paris sous l’appellation Jeune Afrique. Depuis, au gré des périodes fastes ou de vaches maigres, des attentats terroristes, des crises internes et des controverses, notamment autour des publireportages ou de la complaisance supposée de l’hebdomadaire vis-à-vis de certains régimes africains, le groupe de presse a tenu le coup. Et « 1960 » est même devenu autant une année fétiche qu’un socle pour son fondateur, souvent désigné par ses initiales « BBY ». On retrouve ainsi « 1960 » dans les quatre derniers chiffres du standard téléphonique de la rédaction sise rue d’Auteuil, dans le très morne XVIe arrondissement de Paris.